(Re)faire société : Post-vérité, un danger pour la société ?

Ceci est un article publié par Les 1Gnieux 2 JPS / Lycée Jean-Paul-Sartre / Bron

Projet : Le bureau des idées


(Re)faire société : la post-vérité  met-elle la société en danger ?

 

Articles, émissions télévisuelles ou radiophoniques, documentaires, essais consacrés à la « post-vérité » sont de plus en plus nombreux ! Il faut dire que chaque jour, ou presque, amène son lot de révélations… et que régulièrement, les « fake news » jouent un rôle important sur la société.

 

La post-vérité, les « fake News », et la société…

Plusieurs médias déclarent que nous sommes entrés dans l’ère de la « post-vérité ». Le dictionnaire d’Oxford l’a d’ailleurs élue mot de l’année en 2016

Mais que cela signifie-t-il ?

Selon le dictionnaire Oxford, la post-vérité est « ce qui fait référence aux circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles »

L’ère de la post vérité est donc une ère dans laquelle les faits ont moins d’importance que les effets qu’ils peuvent avoir. Ainsi, la vérité, donc les faits, sont moins importants que les sentiments et les opinions des électeurs/autres.

Le terme « post-vérité » a trouvé un nom ces dernières années, pourtant il décrit un phénomène présent depuis le début de la démocratie.  Myriam Revault d’Allones dans La Faiblesse du Vrai donne comme exemple la mort de Socrate. Le philosophe de la vérité est mis à mort par la démocratie athénienne, origine de notre système actuel. Nous connaissons d’autres exemples plus récents, comme l’affaire Dreyfus en France, ou l’affaire de Collins Powell aux États Unis.

Cette notion est intimement liée à une autre expression en vogue : les « fake news ». Les « fake news » ou infox en français constituent une information mensongère délivrée dans le but de manipuler ou tromper un auditoire. Les fausses nouvelles participent de tentatives de désinformation, que ce soit via les médias traditionnels (télé, radio, journaux etc.), ou via les médias sociaux (Facebook Twitter…). Ils ont comme but d’obtenir des avantages financier, idéologique, politique etc…. Si internet fourmille de ressources, il est également un parfait vecteur  pour les « fake news » et leurs titres accrocheurs attirent un public nombreux. Google News, Facebook ou encore Twitter sont particulièrement employés pour diffuser des infox.

 

Mais quel est le lien entre post-vérité, fake news et société ?

A priori, le lien ne semble pas évident mais l’importance du phénomène des « fake news » invite chacun à se questionner plus précisément.

En effet, si l’on cherche à définir le terme « société », on peut établir le constat suivant : une société est avant tout un « groupe organisé d’individus réunis dans un intérêt commun ».

La devise française au fronton de l’Hôtel de ville d’Avignon

La France défend ainsi trois grandes valeurs : la Liberté, l’Égalité et la Fraternité mais aussi quatre principes fondamentaux qui sont : la démocratie, la laïcité, l’indivisibilité et une république sociale. Elle possède aussi des symboles forts pour représenter la nation, comme le drapeau tricolore, une devise et Marianne présents dans toutes les mairies de France, la Marseillaise, la fête nationale du 14 juillet. Par ses valeurs, ses principes et ses symboles, la France se veut unie ! Des événements marquants révèlent cette union, voire cette communion. Ainsi, les deux coupes du monde, celle de 1998 et celle de 2018 ont vu les Français se réunir pour célébrer la victoire des Bleus. Le peuple retrouve, pendant une période courte mais intense, une raison commune d’être ensemble, le plaisir de « faire société ».

La diffusion de « fake news » est donc en opposition avec l’idée de « faire société » puisque cela est fait dans le but d’intérêts particuliers et non dans l’intérêt commun.

 

Les « fake news », un phénomène important qui n’est pas sans effets sur la société

Un phénomène d’ampleur

Avec l’avènement des réseaux sociaux, les « fake news » ont trouvé leur plateforme de prédilection. Tout d’abord, il est extrêmement simple de générer des « fake news » grâce à Twitter, Facebook et beaucoup d’autres. C’est, en effet, l’affaire de quelques minutes.

De plus, les « fake news » peuvent prendre toutes sortes d’apparences, pour mieux tromper leur monde. On trouve ainsi des textes, des images, des sons ou des vidéos.

Enfin, c’est un moyen particulièrement efficace car pour beaucoup, les réseaux sociaux deviennent la principale source d’information, notamment pour les plus jeunes. En France, selon le baromètre des médias 2017, 83% des utilisateurs des médias sociaux sont soumis à une forte exposition aux rumeurs et un tiers des personnes interrogées pensent que certaines « fake news » sont vraies. De plus, il est facile de partager des infox… 30% des Français reconnaissent avoir déjà relayé des « fakes news » en 2019 via les réseaux sociaux ou leurs proches. Parmi eux, 45% d’entre eux sont des personnes privilégiant l’information sur les réseaux sociaux aux médias traditionnels.

ayant des effets à des échelles différentes…

Une fake news au moment du vote pour le Brexit: financer le système de santé en économisant 50 millions de livres tous les jours.
A Belfast, où cette photo a été prise, la perspective du rétablissement d’une frontière divise la société irlandaise.

En ce qui concerne la désinformation, il existe des groupes d’influence (organismes) qui ont pour objectif d’influencer un groupe « précis » comme par exemple le site « IVG.net » qui, sous couvert d’information, véhicule en réalité des pensées anti-IVG. Il en est de même pour les sites pseudo-scientifiques mais bien climato-sceptiques prétendant montrer que les gens sont manipulés lorsqu’ils sont sensibilisés au changement climatique. Enfin , l’influence peut se jouer sur le terrain politique à l’échelle de pays comme lors des élections présidentielles américaines ou du referendum pour ou contre le Brexit.  Cette manipulation se fait notamment par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Prenons pour exemple la Russie qui engagent de nombreux « bloggers » pour inonder les réseaux sociaux.

L’effet est d’autant plus important, en politique, que le recours aux sentiments pour obtenir l’adhésion des électeurs compte davantage que la sincérité des candidats et la vérité. Tant que les gens éprouvent de l’affection pour le candidat ou pour le parti politique auquel il appartient, ce n’est pas grave, s’il ment. Deux dangers apparaissent. Le premier est la montée des populismes. Le populisme peut être défini comme une approche politique qui consiste à s’attirer les faveurs du « peuple » avec des discours démagogiques. Les « Fake News » sont largement utilisées par les populistes, notamment dans leurs campagnes électorales. Le second est une atteinte insidieuse à la démocratie. Si les  »fake news », donc les fausses informations, influencent le choix des électeurs, ces derniers ne sont plus vraiment libres de choisir qui serait un candidat capable de diriger le pays.

Que faire ? Quelles solutions sont envisageables à l’ère d’internet ?

Lutter contre la propagation d’informations fausses est particulièrement complexe. En effet, selon l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » L’aspect mondial et viral des « fake news » est également difficile à contenir…

Pourtant , des solutions pour lutter contre les infox et la désinformation sont envisageables, mais reposent sur l’engagement, et la vigilance de tous les acteurs de la société.

Au niveau de l’Etat..

Le Vigipirate est un dispositif gouvernemental permanent de vigilance, de prévention et de protection, qui s’applique en France et à l’étranger, et qui associe tous les acteurs du pays. Il repose sur un socle de mesures permanentes qui s’appliquent à tous les grands domaines d’activité de la société (les transports, la santé, l’alimentation, les réseaux d’énergie, la sécurité des systèmes d’information…), sans induire de contraintes excessives sur la vie économique et sociale.

Au niveau des réseaux sociaux et des médias traditionnels.

Des outils pour aider les lecteurs à y voir plus clair sont progressivement mis en place. Un outil comme le Décodex développé par Le Monde peut s’avérer utile et intéressant. Il s’agit de « fact-checker » ou décoder des informations.   Cependant il ne règle pas la question de l’objectivité, de l’interprétation des faits…

De plus, Le 27 juin 2019, Twitter a annoncé  ses nouvelles règles concernant les tweets dits « d’intérêt public », émanant de comptes (certifiés) de personnalités politiques suivies par au moins 100 000 abonnés. Le réseau social explique  ainsi sur son blog : « Nous pouvons autoriser des contenus controversés ou des comportements qui auraient autrement violé les règles de notre service, parce que nous estimons qu’ils relèvent d’un intérêt public légitime. Dans ces cas-là, nous ajoutons une notice au tweet précisant qu’il viole les règles ». Toutefois, en cas de «menaces de violence directes ou appel à la violence à l’encontre d’un individu», les tweets, même s’ils proviennent de politiciens, ne sont pas considérés d’intérêt public et seront sanctionnés, précise Twitter.

Au niveau de l’individu et du citoyen

Il faut vérifier les informations et ignorer celles dont nous ne sommes pas sûrs. Ne pas relayer de fausses informations s’avère sûrement être le moyen le plus facile et accessible pour lutter contre leur propagation. Il est donc primordial de croiser et vérifier les sources.

Si de nombreux textes existent en droit français pour réprimer les diffuseurs de fausses nouvelles dans l’intention de nuire et également fixer des règles aux plateformes numériques, l’éducation nous semble le plus fort rempart contre les infox. Il est important de développer son esprit critique afin de mieux appréhender les informations diffusées.

Malgré les dérives, Internet et les réseaux sociaux restent des outils précieux d’information et d’expression pour tous.

En conclusion, les « fake news » ont un véritable effet sur la démocratie, on ne peut le nier. Il faut aussi se rendre à l’évidence que la chasse aux « fake news » est particulièrement compliquée. Mais en refusant de tout prendre pour argent comptant, en sortant de la passivité, d’une certaine paresse intellectuelle, en exerçant sa sagacité devant l’information, le citoyen a souvent les moyens de ne pas être l’objet de manipulations.

Ressource-s liée-s à l'article :

3 thoughts on “(Re)faire société : Post-vérité, un danger pour la société ?”

  • Chers élèves du Lycée Jean-Paul Sartre,

    Bravo pour votre article !
    Nous avons transmis votre publication à Myriam Revault d’Allonnes, qui a pris le temps de vous formuler une réponse que je vous mets ci-dessous.
    Bonne lecture !

    « Je voudrais d’abord réagir à ce qui, dans votre texte, me paraît être à la fois un contresens et une contradiction eu égard à la notion de post-vérité. La post-vérité n’a rien à voir avec le récit que fait Platon de la mort de Socrate : selon Platon, le philosophe épris de vérité est mis à mort par la cité démocratique, ce qui installe un antagonisme irréductible entre la recherche philosophique de la vérité et les conditions dans lesquelles se déploie la politique. Il faut discuter cette interprétation platonicienne (c’est précisément ce que j’ai fait dans La faiblesse du vrai) qui a installé un soupçon généralisé sur la politique réelle, telle qu’elle se fait et se pratique, en accréditant l’idée que la recherche du vrai était incompatible avec l’exercice de la politique. Par ailleurs, cela n’a rien à voir avec la notion de « post-vérité » qui efface le partage entre le vrai et le faux et rend la vérité secondaire voire insignifiante. L’affaire Dreyfus ne relève pas de ce phénomène, pas plus que les mensonges d’Etat dont nous connaissons l’existence depuis fort longtemps.
    L’ère de la post-vérité n’est pas celle du mensonge généralisé. Le mensonge ne fait pas disparaître la référence au vrai : il l’occulte, le dénature, le tronque mais le vrai demeure la référence ou la norme implicite. La post-vérité a ceci d’inédit qu’elle abolit le partage entre le vrai et le faux, qu’elle brouille les frontières entre les deux. La vérité devient secondaire, inessentielle, insignifiante. Ce n’est pas un phénomène présent dès les débuts de la démocratie et il faut par ailleurs souligner la différence fondamentale entre les conditions d’exercice de la démocratie antique et celles de la démocratie moderne et contemporaine. Le problème fondamental est qu’en démocratie, la faculté de juger des citoyens n’a de sens que si elle s’appuie sur des faits avérés : l’échange des opinions n’est légitime que s’il repose sur la vérité des faits. Et la post-vérité ne se préoccupe pas de la vérité factuelle.
    Il est exact que les nouvelles techniques de diffusion de l’information (internet, réseaux sociaux) favorisent cette indifférence au vrai. Le marché actuel de l’information (notamment la communication par Internet et les réseaux sociaux) propose une énorme masse d’informations non structurées et facilite – ce qui peut paraître paradoxal – l’enfermement des individus dans la sphère de leurs convictions préalables, de leurs préjugés. Les informations qu’ils reçoivent ne les incitent pas à développer leur esprit critique mais intensifient leurs croyances spontanées et leurs préjugés.
    Dans ces conditions, « faire société », partager un « monde commun » n’est pas chose facile mais, comme vous le dites très justement à la fin de votre texte, le développement de l’esprit critique et de la capacité à juger est une arme essentielle.
    Myriam Revault d‘Allonnes »

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