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Le multiculturalisme et étude du livre de M.Bock-Côté

Cette publication est une ressource concernant les recherches sur le thème lié Ce que la question migratoire fait à la démocratie - Chose publique 2018

Étude du livre « Le multiculturalisme comme religion politique » de M. Bock-Côté :

→ Point de vue après avoir feuilleté quelques pages du livre : ( environ 30)

L’écriture et la structure des phrases rendent le livre très compliqué à lire et compliquent la compréhension du sujet qu’il traite exactement et précisément, ce qui donne l’impression que l’auteur souhaite embrouiller le lecteur. Cela rend aussi ce livre assez peu accessible à des lycéens, même lorsqu’ils connaissent les faits historiques évoqués.

→ Recherches sur le multiculturalisme :

C’est un terme utilisé en sociologie et en philosophie politique, il a donc deux significations.

En sociologie, il est synonyme de pluralisme, il peut prendre en compte des zones géographiques et des pays en globalité où des communautés ethniques vivent en mixité et où coexistent des traditions culturelles différentes. Cette multiculturalité peut être une conséquence d’un processus naturel ou artificiel, ce qui signifie qu’il peut y avoir des immigrations contrôlées ou artificiellement créées , suite à la création juridique de plusieurs zones culturelles différentes , par exemple au Canada, avec la zone francophone et anglophone.

En philosophie politique, ce terme représente les idéologies et politiques diverses sur la question de l’intégration des différentes cultures. Cela peut aller du plaidoyer pour le respect des diverses cultures d’une société à des politiques de promotion de la diversité identitaire , servant à favoriser l’expression des particularités , avec les minorités culturelles par exemple. Cette appellation de multiculturalisme contraste avec « l’interculturalisme », qui signifie que tous les membres d’une société, immigrés comme descendants, pratiquent les mêmes activités, ce qui représente l’abandon d’une partie de la culture d’origine des immigrés, notamment celle en contradiction avec les valeurs et les normes de la société d’accueil.

L’exemple du Canada :

Le gouvernement de Trudeau (père) est favorable au multiculturalisme, ce qui se prouve avec la signature de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982 ainsi qu’une loi venant préciser ce principe en 1988. Pour une partie de la classe intellectuelle québecoise, dont Bock-Côté est le chef de fil, cette Charte aurait seulement été signée pour faire taire les revendications historiques du Québec en la faisant devenir, non plus une nation, mais une « communauté ethnique parmi d’autres ». L’actuel Premier Ministre élu en 2015, Trudeau fils, poursuit les volontés de diversité de son père. Il existe également un prix Paul Yuzuk, qui a été donné à un sénateur canadien car il avait énoncé que « le multiculturalisme est une caractéristique majeure de l’identité du Canada » : cela reflète toute une partie de la vision canadienne qui s’oppose à celle de Bock-Côté.

→ Critiques sur le multiculturalisme :

1) L’idéologie

De multiples critiques vis-à-vis de cette idéologie ont été formulées. En premier, Hervé Juvin que le multiculturalisme a pour but de rendre les hommes identiques et de le séparer de tout ce qui les détermine en tant que personne appartenant à une société (famille, origine, sexe, religion, etc.). Il exprime le fait que à cause de la politique de multiculturalisme menée en Europe, ce territoire est devenu un « no man’s land » dans lequel se trouve un « totalitarisme soft » prônant et proclamant un individu absolu et un « terrorisme intellectuel » interdisant au peuple de s’identifier, de nommer, de compter et de débattre de l’immigration de masse. Celui-ci considère que le multiculturalisme provoque une perversion de l’universalisme et se transforme en un racisme moderne dans lequel « tous les habitants du monde deviennent des habitants français comme les autres ».

2) Les effets

→ Le professeur en sciences politiques à Havard R. D Putnam a mené une étude visant à observer l’impact de la diversité et l’hétérogénéité des sociétés sur la confiance de celles-ci entre les membres les constituant. Au bout de dix ans, il observe que dans les sociétés ayant une diversité ethnique plus importante, la perte de confiance de ses membres était plus importante que dans les sociétés ayant une diversité moins grande

→ L’éthologue Frank Salter a observé la tendance des sociétés à « l’altruisme public » lors d’une forte diversité ethnique dans la société. Il remarque que plus le degré d’homogénéité est fort, plus la tendance des services publics à investir dans des biens publics visant à améliorer le bien-être de la population est fort. Cela signifie que l’État d’une société multi-ethnique a une moins grande volonté et est moins incité à développer des infrastructures et à investir pour sa population.

→ Bruce Brawer ajoute à cela que le multiculturalisme est créateur de tensions au sein d’une société.

3) Point de vue de M. Bock-Côté : multiculturalisme contre assimilation

Celui-ci exprime que pour lui le multiculturalisme représente une rupture avec le « paradigme » selon lequel c’est l’immigré qui doit s’intégrer dans la société d’accueil et doit s’approprier son histoire pour qu’elle devienne la sienne ( cela signifie évidemment la perte de sa culture d’origine qui rentre en contradiction avec la culture de la société d’accueil). Il pense que maintenant c’est la société qui doit s’adapter pour les nouveaux arrivants. Cela signifie pour lui une perte totale de la culture nationale, qui n’existe que pour faire justice et se repentir des préjudices et des persécutions faites à des minorités dans le passé. Ainsi, il ajoute à cela que cette « religion politique » provoque une fragmentation de la société et instaure le « politiquement correct » comme doctrine. La montée des partis populistes représenterait donc le refus des peuples de ce multiculturalisme « imposé par les élites dirigeantes des pays accueillants ».

→ Recherches sur le livre lui-même : d’où vient la réflexion, les idées principales, etc.

1) Quelques informations sur M. Bock-Côté servant à la compréhension de ses propos

Ce sociologue est républicain et conservateur et soutient des « profondes convictions souverainistes », avec lesquelles il dénonce la dénationalisation et l’oubli de la dimension identitaire des sociétés.

Il est favorable à une relative stabilité anthropologique, avec des ancrages dans la durée historique. Il considère aussi que le conservatisme permet une possibilité de renouer avec une certaine « idée de l’homme » et de la civilisation à laquelle il appartient.

Sa pensée est en opposition radicale avec l’individualisme de type néolibéral et un progressisme désireux d’en finir avec un monde trop vieux jeu et veulent faire table rase de l’héritage culturel. Ainsi, le multiculturalisme est considéré comme une « religion politique occidentale porteuse de valeurs primordiales, universelles, et incontestables »

Dans son livre, M.Bock-Côté énonce que la diversité est considérée comme une richesse primordiale , et ainsi, cela permet au multiculturalisme de modifier le sens de la modernité, qui n’est plus un équilibre entre héritage et progrès, ou entre mémoire et utopie, mais où seulement le progrès compte, ce qui est incompatible avec l’idée d’héritage et l’utopie d’un monde sans frontière.

Il parle également de la déconstruction du récit national au profit de la libération des mémoires minoritaires. Pour lui cela correspond à une idée de post-modernisme dans lequel la « disqualifications de la souveraineté populaire et la judiciarisation de la politique prônent sur les droits de l’homme, qui se substituent à la souveraineté démocratique. »

Il énonce également que le multiculturalisme serait le principe d’essayer d’arriver à une égalité entre groupes victimisés et groupes dominants, ce qui reviendrait à accueillir la diversité et non l’assimiler, où la logique d’intégration doit l’emporter sur celle de l’héritage. Pour lui, l’éducation actuelle s’inscrit dans une volonté de déconstruction de l’héritage culturelle plutôt que de transmission.

Il explique aussi que le conservatisme est vu soit comme une fragilité psychologique soit comme une pathologie liées à des phobies diverses, d’où le fait que leur point de vue paraît irrecevable et où seul le discours multiculturaliste peut être reçu, d’où son appellation « religion politique ».

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