{1} Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, Gallimard 1972, p.13.
{2} Ibid., p.14 : « Avec cette liberté du conquérant dont la seule loi est l’expansion indéfinie, le roman, qui a aboli une fois pour toutes les anciennes castes littéraires — celle des genres classiques —, s’approprie toutes les formes d’expression, exploite à son profit tous les procédés sans même être tenu d’en justifier l’emploi ».
{3} Ibid., p.15.
{4} Sur le rabat de couverture, l’édition présente ainsi Le Musée des contradictions comme « une adresse aux lecteurs qui intensifie la poésie, une façon de se réapproprier le discours sous forme de nouvelles », et poursuit en insistant sur le travail de l’auteur qui « va toujours plus avant dans l’exploration des frontières du roman ».
{5} Antoine Wauters débute sa carrière littéraire en publiant trois recueils de poésie, Debout sur la langue (2008), Césarine de nuit (2012) ainsi que Poésie pour Cy Twombly (2012) dans le cadre d’une collaboration. C’est en 2014 qu’il publie son premier roman, Nos mères, suivi de Pense aux pierres sous tes pas et Moi, Marthe et les autres en 2018.
{6} « Discours de la mer interdite », p. 9.
{7} « Discours d’une troupe en pyjama », p. 17.
{8} « Discours d’un pays rétréci », p. 59.
{9} Justyna Gambert Klincksieck, « Le monologue prononcé à la croisée des chemins : La chute d’Albert Camus et son héritage polonais » dans Revue de littérature comparée, 2007/4 n° 324, p. 407 : « il est préférable d’employer le terme d’allocutaire, apte à rendre compte de la réalité purement verbale de ce second personnage qui ne transparaît qu’à l’intérieur du discours du locuteur, en tant que « sujet idéal visé », « construit par l’acte d’énonciation », à celui d’« interlocuteur » qui suppose un partenaire actif de l’échange verbal, cf. Dictionnaire d’analyse du discours, sous la dir. de Patrick Charaudeau et de Dominique Maingueneau, Paris, Seuil, 2002, p. 168-173.
{10} Ibid.
{11} Ibid., p. 411.
{12} « Discours de la minorité devenue majorité », p. 78.
{13} Ibid., p. 81.
{14} Pour indice de classification de genre, Le Musée des contradictions est finaliste du prix Goncourt de la nouvelle.
{15} Charles Baudelaire, « Études sur Poe », dans Œuvres Complètes II, La Pléiade, Gallimard, p. 329.
{16} Le motif est par exemple présent dans le « Discours de la mer interdite » et le « Discours du paradis ».
{17} « Nous, nous voulons le retour des lucioles, du printemps » dans le « Discours d’au-delà du Mur », p.47.
{18} Ce motif est utilisé à plusieurs reprises dans le texte, par exemple « musée de la pensée humaine « dans le « Discours du paradis », p. 37, ou « musée des pensées perdues », p.38, « musée du regret » dans « Discours d’un pays rétréci », p. 61.
{19} Le motif de la contradiction est mentionné dans le « Discours de la mer interdite » ainsi que dans le « Discours d’au-delà du Mur ».
{20} « Nous ne supportons plus le “système” et nous n’y croyons plus, cela indépendamment du fait qu’il nous échappe de tant de façons, et que nous n’en atteignons jamais le cœur » dans « Discours d’au-delà du Mur », p.43.
{21} Marthe Robert, Op.cit.
{22} On voit bien comment, dans une énonciation locuteur/allocutaire, le discours peut rapidement pencher vers la poésie. La parole doit passer, elle doit expliquer, tout en côtoyant le mystère d’une intériorité difficile à démêler. Les mots prennent alors des formes qui dépassent le langage coutumier, celui du réel donné, pour passer à l’herméneutique du non-dit, du non-su, voire du douloureux. La tentative, en butant, crée une nouvelle forme. La poésie ouvre donc la voie, par la poïesis, l’art de créer, à la mauvaise foi que nous verrons en troisième partie. Car rien n’empêche cette parole de se dissimuler, à elle-même, le réel.
{23} Nathalie Nabert, « La poésie, cette belle insulaire » dans Transversalités, n° 142, 2017, pp. 11-12.
{24} Cf. « Discours de la mer interdite », « Discours du paradis ».
{25} Par exemple, nous trouvons dans le « Discours du château en cendres », l’expression « sa trogne d’enfant cassé ».
{26} « Vous au moins, vous avez perdu quelque chose. Nous, nous n’avons rien. Nous avançons et n’avons plus confiance en aucun mot, aucun acte, aucun discours, aucune vérité, aucun ciel, aucune promesse. Ce pourquoi nous faisons ce que nous faisons, avec nos clous et nos trous », dans « Discours de la mer interdite », p. 10.
{27} « Et, sachant que nous avons le sursaut facile — peur de tout — et que nous avons grandi sous la cloche de verre de la religion et du mensonge universel, nous n’avons pas trouvé notre place. Jamais. » dans « Discours du Paradis », p. 35.
{28} « Discours de la mer interdite », p. 10.
{29} « Discours du château en cendres », p. 27.
{30} Dans le « Discours de la mer interdite ».
{31} Dans le « Discours d’un pays rétréci « et le « Discours des questions ».
{32} « Discours de la mer interdite », p.9.
{33} « Discours d’un pays rétréci », p.59
{34} La Fontaine, « Le Corbeau et le Renard » et Voltaire, Candide.
{35} « Le roman doit ‘saisir l’individu dans sa difficulté d’habiter le monde’ », Le Monde, 20 février 2003. Entretien avec Thomas Pavel, à propos de La pensée du roman (Gallimard, 2003).
{36} « Dans le musée des contradictions, le malheur est total, mais la pensée que d’un merdier sort quelquefois une rose ne nous abandonne pas, monsieur le juge » dans « Discours de la mer interdite », p.11.
{37} « Discours de la mer interdite », p.11.
{38} « Nous, nous voulons le retour des lucioles, du printemps. » dans le « Discours d’au-delà du Mur », p.47.
{39} « le lyrisme sauve » dans « Discours des questions », p.103.
{40} Jacques Rancière, la Mésentente, Galilée, 1995.
{41} Les tatouages sont pensés de cette façon (« Discours de la mer interdite »).
{42} « Discours d’au-delà du Mur », p.43.
{43} « Discours des bétonnières », p. 55.
{44} Ibid., p. 52.
{45} Lorsque la lucidité ne se concrétise pas en révolte, sans pour autant rester dans la soumission assumée, il s’agit de résistance. Contrairement à la révolte, la résistance ne renverse pas le pouvoir. Elle négocie constamment l’antagonisme, en faisant le moins de concession : « Là où la révolte est frontale et souvent désespérée, la résistance use de stratégies plus rationnelles pour affaiblir et déstabiliser l’adversaire à l’intérieur même du système et dans la durée. », Nathalie Sarthou Lajus, « La Révolte », dans S.E.R., « Études « 2008/5 Tome 408, p. 662.
{46} J.P. Sartre, L’Etre et le Néant, Gallimard, 1943, p. 83 : « pour celui qui pratique la mauvaise foi, il s’agit bien de masquer une vérité déplaisante ou de présenter comme vérité une erreur plaisante. La mauvaise foi a donc en apparence la structure du mensonge. Seulement, ce qui change tout, c’est que, dans la mauvaise foi, c’est à moi même que je masque la vérité. Ainsi, la dualité du trompeur et du trompé n’existe pasici. La mauvaise foi implique au contraire par essence l’unité d’une conscience. […] la conscience s’affecte elle-même de mauvaise foi. Il faut une intention première et un projet de mauvaise foi. […] je dois savoir en tant que trompeur la vérité qui m’est masquée […] mieux encore, je dois savoir très précisément cette vérité pour me la cacher plus soigneusement ».
{47} « Discours du paradis », p. 38.
{48} Le slogan est la désubstantialisation par excellence du discours contestataire. Il ne devient plus qu’un cri dans une foule qui, au préalable, a demandé à la police l’autorisation de manifester. À l’image des poétesses du Discours de la minorité devenue majoritaire, dont la célébrité a vidé la portée discursive : « Nous avons passé trop de temps dans la lumière. Tellement de temps que nos mots sont devenus des slogans. Notre colère est devenue un slogan. » (p. 81)
{49} « Discours du paradis », p. 38.
{50} « Discours d‘au-delà du Mur », p. 48.
{51} Capacité de la conscience, selon Sartre, à conférer au réel les qualités qu’elle désire. Ainsi décrit-il le procédé grâce à la métaphore du raisin : « Ils [les raisins] se présentaient d’abord comme ‘‘devant être cueillis’’. Mais cette qualité urgente devient bientôt insupportable, parce que la potentialité ne peut être réalisée. Cette tension insupportable, à son tour, devient un motif pour saisir sur le raisin une nouvelle qualité ‘‘trop vert’’, qui résoudra le conflit et supprimera la tension. Seulement cette qualité je ne puis la conférer chimiquement aux raisins, je ne puis agir par les voies ordinaires sur la grappe. Alors je saisis cette âcreté du raisin trop vert à travers une conduite de dégoût. Je confère magiquement au raisin la qualité que je désire. Ici cette comédie n’est qu’à demi sincère. Mais que la situation soit plus urgente, que la conduite incantatoire soit accomplie avec sérieux : voilà l’émotion. » (J.P Sartre, Esquisse d’une théorie des émotions, 1939, Le Livre de Poche, 2000, p. 82-83.)
{52} Par drogue nous entendons toute substance altérant le cerveau, aux vertus calmantes, excitantes ou stupéfiantes. L’alcool et les psychotropes en feront donc partie.
{53} « Discours d’une joie revenue de loin », p. 96.
{54} Ibid.
{55} « Discours du haut séquoia », p. 68.
{56} Ibid., p. 70.
{57} Ibid., p. 71.
{58} P.P. Pasolini, « L’articolo delle lucciole » (1975), Saggi sulla politica e sulla società, éd. W. Siti et S. Del Laude, Milan, Arnoldo Mondadori, 1999, p.404-411.
{59} « Discours du haut séquoia », p. 72
{60} Ibid.
{61} « Discours d’une joie revenue de loin », p. 93.
{62} « Discours d’une douleur sans nom », p. 90.
{63} « Discours des questions », p. 105.
{64} « Discours de la mer interdite », p. 15.