Révoltes : Les 8 propositions pour l’avenir du Lycée de l’Albanais

Projet : Le bureau des idées


Dans le cadre du Bureau des Idées, projet de médiations inscrit dans le Festival des Idées – Mode d’Emploi (16-21 nov. 2020) de la Villa Gillet, l’auteur de BD et cinéaste Barrack Rima réagit aux « 8 propositions pour l’avenir  » formulées par les élèves de seconde du lycée de l’Albanais (Rumilly), suivis par Carine Emin-Jouvé (enseignante de lettres modernes) et Michel Vallier (documentaliste).

 

 

1. Il faudrait refaire le système scolaire qui creuse les inégalités (reproduction des classes sociales et non ascenseur social). 

BR: Cette proposition est essentielle car c’est à l’école que se prépare l’avenir des citoyen.nes et malheureusement l’école ne remplit pas toujours assez son rôle de donner les chances de réussir à tous.tes de la même manière. Mais quelles en sont les raisons ? Et que faut-il faire concrètement ? Je ne connais pas la situation dans les détails, notamment en France, mais il me semble que les raisons sont nombreuses et les solutions encore à inventer. Et les raisons sont à chercher pas seulement dans le système scolaire, mais dans les inégalités au sein de la société de manière plus générale.

Il est évident que le contexte familial joue un rôle important : des parents diplômés et/ou plus impliqués dans la scolarité de leurs enfants ; de même qu’un cadre accueillant, du matériel de qualité, des activités qui impliquent les élèves… etc. Au sein de l’école elle-même, il me semble qu’un système mérite d’être généralisé qui serait davantage basé sur l’initiative, la responsabilisation de l’élève et la pédagogie active (exemples : Freinet, Montessori ou autre). Ce ne sont que des idées que je lance… Des chercheur.ses et des acteur.trices du terrain font un travail continu de réflexion sur les manières d’améliorer le système, il faut les encourager et surtout leur donner plus de moyens. Votre proposition est pertinente, elle mérite toutefois d’être enrichie d’un questionnement sur les raisons profondes des inégalités et de tentatives de réponses pour les réduire et les supprimer.

 

2. Que l’école se rapproche de l’essentiel : construire, comprendre la nature, faire des choses concrètes. 

BR: Bien vu. On dit parfois que l’école donne un enseignement abstrait, loin de la réalité. Il est vrai qu’il manque des activités pratiques, des activités liées à l’environnement et la nature… etc. Il manque peut-être aussi une diversification des matières. Mais il ne faut pas oublier que la théorie est importante et qu’un équilibre entre la théorie et la pratique est essentiel pour le savoir.

 

3. Il faudrait supprimer les murs réels ou virtuels entre les frontières qui sont des barrières entre les gens. 

BR: Je suis tout à fait d’accord, je suis pour la suppression totale des frontières et même des nations. Ça peut faire peur, parce qu’on a l’impression qu’on va être envahi par les autres qui sont différents et qui vont nous imposer leur vision et leurs habitudes… Mais ça ne doit pas se faire n’importe comment et sans une prise de conscience de tout le monde que personne n’a intérêt à dominer l’autre. Nous avons par contre tous intérêt à apprendre de nouvelles choses des autres, à nous enrichir, à parler plusieurs langues, à connaître plusieurs philosophies, à écouter toutes sortes de musiques ou manger toutes sortes de cuisines… Supprimer les frontières ne veut pas dire qu’on ne garde pas, chacun, ses particularités, ses traditions, sa langue, ses mœurs ou ses valeurs… Ça veut dire supprimer les frontières mentales avant tout.

 

4. Dans les villes : supprimer les « ghettos » pour réconcilier les classes sociales. 

BR: Les villes que nous connaissons aujourd’hui subissent malheureusement des politiques d’urbanisation qui tendent à séparer les pauvres des riches (généralement éloigner les pauvres le plus possible des centres) et c’est une honte. Réconcilier les classes sociales, c’est d’abord réduire les écarts dans les richesses et c’est offrir des cadres de vie agréables à tous et dans tous les quartiers de manière égale.

 

5. Que le président de la République ait une période d’essai et qu’on puisse lui demander des comptes s’il ne satisfait pas le peuple.

BR: En démocratie, des outils pour demander des comptes existent déjà : le parlement, la justice, les cours des comptes, les médias… Mais il y a des dysfonctionnements et des manques de moyens quand il s’agit de structures publiques. Et il y a un véritable danger quand les intérêts économiques des plus riches interfèrent dans le pouvoir.

 

6. Apprendre à désobéir !

BR: C’est peut-être la proposition qui me touche le plus. La loi est censée être le garant de la vie en commun, des droits et des devoirs, de la protection des minorités… etc. Mais elle ne doit pas être figée et si elle n’est pas juste, il faut la changer. Nous avons dans l’histoire pleins d’exemples de lois injustes qui ont été abolies ou modifiées suite à des combats de longues durées menés par des militant.es et des penseur.ses. Au niveau d’un pays, ce sont les député.es qui votent les lois et ce sont les citoyen.nes qui élisent les député.es. Mais les citoyen.nes ne sont pas toujours au courant des détails et des enjeux. S’il faut apprendre à désobéir, il faut apprendre à s’informer, à cultiver son esprit critique, à prendre conscience des enjeux et à proposer des alternatives plus justes et respectueuses du vivre ensemble dans le but de répandre la tolérance, le partage et la liberté.

 

7. Dans l’agriculture, payer les paysans au juste prix pour qu’ils puissent vivre de leur travail. 

BR: Bien sûr, parce qu’il faut favoriser une agriculture saine, de proximité et à petite échelle face aux multinationales et  grandes exploitations. Mais ça voudrait dire avoir une réflexion sur notre mode de consommation et acheter les produits qui garantissent un commerce équitable même s’ils sont plus chers. C’est une réflexion globale sur notre mode de vie et notre mode de consommation qu’il faut avoir. A-t-on besoin de manger autant, de gaspiller autant et de vouloir à tout prix avoir tout tout le temps et au moindre prix à notre disposition ?

 

8. Arrêter l’urbanisation pour conserver les zones rurales et des exploitations à taille humaine. 

BR: L’urbanisation ne peut pas s’arrêter puisqu’il faut loger tout le monde, mais il faudrait peut-être la réguler davantage : combien de logements sont inoccupés (souvent pour des raisons de spéculation immobilière) ? Combien de villages abandonnés ? Il faudrait redonner de la valeur aux zones rurales et à l’agriculture à taille humaine pour rapprocher les citoyen.nes de la terre et de la nature.

 

Je vous souhaite un avenir plein de réussites. Et je compte sur vous pour continuer à réfléchir et agir dans le sens de vos propositions. Barrack Rima  

 

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